le syndicalisme à l’hôpital

Posted by kineblog on April 25, 2008

Revue SEVE N°18, Printemps 2008 : Syndicalisme et santé pp. 83 - 94
Le syndicalisme Ă  l’hĂ´pital : sociologie d’une insatisfaction
Auteur(s) : Ivan Sainsaulieu

Plan de l’article
• Forces et faiblesses de la présence syndicale
— La croissance de l’activité hospitalière et du syndicalisme
— Décalage et conscience malheureuse
— Le carburant syndical : les réformes de l’hôpital
• À la recherche de causes endogènes
— Racines idéologiques et de classe du consensus
— Intensification du travail et recomposition des métiers
— Le contexte interactif du service
— Des dimensions propres au soin : genre et travail sur autrui
• Éthique du soin et politique syndicale

Résumé
Le syndicalisme des salariés non médicaux à l’hôpital est un semi-bastion du service public. Si les salariés y sont nombreux et concentrés, capables de mener des actions collectives médiatiques du fait de la popularité des soignants, ils sont faiblement syndiqués, en particulier le personnel paramédical, devenu le cœur des catégories de salariés devant les agents (ouvriers et employés). Il s’agit donc de comprendre les motivations des soignants (aides-soignantes et surtout infirmières) à l’égard du syndicalisme, en s’interrogeant notamment sur les formes consensuelles de leur mobilisation et leur engagement au travail.

Éditorial du N°18 de Seve (120 pages, 35 euros ou sous forme électronique, par article, ici)
Il y a bien peu de secteurs dans lesquels le syndicalisme tienne une place aussi centrale que dans la santé. Le constat peut paraître paradoxal tant l’éclatement de l’organisation sanitaire peut donner l’impression d’un émiettement des acteurs sociaux. Il reste que des pans entiers de notre système de santé trouvent leurs fondements dans la démocratie sociale mise en place en 1945. L’assurance maladie est d’abord une branche de la sécurité sociale, et par là même confiée à la gestion des partenaires sociaux. Bien sûr, les réformes réalisées depuis 1991 avec l’instauration de la CSG, 1995 avec le plan Juppé et 2004 avec la loi Douste-Blazy/Bertrand ont encadré et progressivement rétréci l’autonomie des gestionnaires de la CNAMTS. Il n’en demeure pas moins que l’histoire de l’assurance maladie s’est écrite sous le signe des alliances qui ont présidé à son pilotage, les « majorités de gestion », pendant longtemps constituées autour de la CGT-FO et du CNPF, puis avec pour centre de gravité la CFDT et le CNPF devenu Medef.
Mais l’influence du syndicalisme a également été déterminante pour l’organisation de la médecine de ville. Dès 1892 avec la loi Chevandier et la revendication tarifaire des médecins. Puis à compter de 1928 pour le respect de la charte de la médicale adoptée par le Congrès des syndicats médicaux le 30 novembre 1927. Ultérieurement les syndicats de médecins libéraux ont été très présents à chacune des grandes étapes de l’organisation de la médecine de ville en France. Ils ont tenu en échec le législateur en s’opposant à l’application de la loi de 1928 et obtenu le vote de la loi de 1930. À la naissance de la sécurité sociale en 1945, ils ont résisté à la mise en œuvre des conventions tarifaires départementales et vu leur rôle consacré en 1971 avec l’adoption de la loi du 31 juillet posant le principe d’une convention médicale et d’une représentativité nationale des organisations syndicales.
Depuis lors, la convention médicale est le pivot de l’organisation de la médecine de ville et, depuis les années 1990, chaque négociation conventionnelle donne lieu à un bras de fer syndical. Dans l’enceinte conventionnelle se jouent non seulement l’avenir de la profession, le statut social du médecin, le développement de la formation médicale continue, la régulation des dépenses de santé ou de la démographie professionnelle mais également les conditions de l’accès aux soins pour l’ensemble des assurés sociaux. Là encore, des renversements d’alliances ont ponctué les grandes évolutions du secteur, notamment lors des schismes des conventions de 1990, 1997 et 2005. Et les autres professions de santé n’ont pas été en reste : les organisations syndicales d’infirmiers, de pharmaciens et de biologistes ont en particulier marqué de leur empreinte à différentes reprises l’évolution du secteur.
Quant au monde hospitalier, s’il ne présentait pas de réelles particularités au regard de l’action syndicale jusqu’à la fin des années 1970, il en va désormais autrement. Avec les grands conflits des médecins hospitaliers qui ont occupé la première moitié de la décennie 1980 et l’irruption de la c oordination infirmière en 1988, l’hôpital public est devenu un lieu de négociation sociale quasi permanente. Des grèves récurrentes accompagnent les restructurations hospitalières. La crise d’identité des personnels hospitaliers, médicaux et non médicaux, avivée par la réforme de la réduction du temps de travail, a fait du service public hospitalier un laboratoire du dialogue social. De surcroît, à travers leurs organisations syndicales, médecins et directeurs d’hôpital exercent une influence majeure sur les transformations du secteur.
Il était donc naturel que Sève s’interroge sur la place et le rôle du syndicalisme en matière de santé. Avec le souci d’apporter un éclairage pluridisciplinaire sur des questions trop souvent posées dans la précipitation d’une actualité marquée par des réformes improvisées ou des conflits sociaux. Puissent les articles de ce dossier aider ses lecteurs à mieux connaître le rôle des acteurs sociaux dans le champ de la santé et à mieux mesurer l’importance du dialogue et de la négociation sociale pour l’avenir du système.

(Cette excellente revue peut-ĂŞtre commandĂ©e par l’intermĂ©diaire du CAIRN)

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Comments

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  1. raph Fri, 25 Apr 2008 20:21:26 CEST

    pas de commentaires Eric ?

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