prescrire de la kinĂ©sithĂ©rapie : paroles de gĂ©nĂ©ralistes, paroles de rhumatologues…

Ce rapport d’Ă©tude qualitative produite par l’ONDPS (Observatoire National de la DĂ©mographie des Professions de SantĂ©) : La prescription de masso-kinĂ©sithĂ©rapie par les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes et rhumatologues libĂ©raux, dĂ©cortique les raisons et reprĂ©sentations qui motive la prescription de masso-kinĂ©sithĂ©rapie par les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes et les rhumatologues. Une lecture passionnante qui dĂ©montre assez bien que notre profession possède d’indĂ©niables atouts dans la poursuite de son Saint Grall : devenir une profession mĂ©dicale Ă compĂ©tence dĂ©finie (comme c’est le cas dans certains pays très dĂ©veloppĂ©s).
Extraits :
“Le bon kinĂ©sithĂ©rapeute est celui qui convient aux patients.
Un critère spĂ©cifique retient cependant l’attention de certains mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes : il s’agit de la capacitĂ© du kinĂ©sithĂ©rapeute Ă amener peu Ă peu les patients Ă faire les bons mouvements seul. Cet accompagnement vers une autonomisation dans l’exercice est une question de temps passĂ© auprès du patient et de pĂ©dagogie. Elle ne s’inscrit pas dans un système coercitif (oĂą, par exemple, la poursuite des soins dĂ©pendrait de l’implication du patient) et se heurte donc Ă des limites, comme celle de la gratuitĂ© des soins notamment. Le kinĂ©sithĂ©rapeute qui convainc et entraĂ®ne durablement ses patients dans les exercices et les actions prĂ©ventives ou de rééducation posturale se distingue donc des autres aux yeux de certains gĂ©nĂ©ralistes.”
En effet les kinĂ©s sont probablement (avec les psychanalystes) les professionnels de santĂ© qui passent le plus de temps au contact du patient (durĂ©e de la sĂ©ance x sĂ©ries assez longues de sĂ©ances consĂ©cutives); il est Ă©vident que cette particularitĂ© inhĂ©rente Ă l’objet de l’exercice (un appareil neuro-moteur, avec quelqu’un dedans ne change pas en deux coups les gros) est particulièrement favorable Ă l’Ă©ducation thĂ©rapeutique et Ă la santĂ©… cependant que cette action d’Ă©ducation, très personnalisĂ©e (mais confondue avec le soin et l’Ă©valuation) au sein mĂŞme de l’acte thĂ©rapeutique, n’est pas toujours perçue (reprĂ©sentation), ni reconnue financièrement alors mĂŞme qu’elle Ă©vite ou retarde bon nombre de recours Ă des structures considĂ©rablement plus dispendieuses (hĂ´pital, EHPAD, AHD).
“…une autre gĂ©nĂ©raliste, après avoir expliquĂ© combien il Ă©tait difficile d’éduquer les patients, reconnait que le plus facile est de prescrire de la kinĂ©. Le temps que requiert la prĂ©vention, les explications, et avant cela l’interrogatoire dĂ©taillĂ© sur les modes de vie, les postures, la mobilité…tout ce temps manque souvent au gĂ©nĂ©raliste.”
C’est surtout cette particularitĂ© des actes en sĂ©rie (très spĂ©cifique aux professions de rééducations) qui crĂ©ent cette opportunitĂ© et la très grande pertinence de l’action des kinĂ©sithĂ©rapeutes dans le contexte des maladies chroniques et du vieillissement…
“…nous suggĂ©rons que le recours Ă la massokinĂ©sithĂ©rapie est ainsi dans certains cas mobilisĂ©e comme une prise en charge dĂ©lĂ©guĂ©e. Il s’agit de prendre soin, mais ce soin est dĂ©lĂ©guĂ©. Il s’agit aussi de ne prendre aucun risque secondaire.”
Signant une grande confiance dans notre capacité à assumer une prise en compte globale et suivie des patients.
“…l’absence d’effets iatrogènes. Par opposition aux antalgiques en particulier, la kinĂ©sithĂ©rapie est sans effets secondaires…”
L’absence de risque, même si elle n’est jamais formulée ainsi – ce qui est dit c’est que c’est préférable aux médicaments -, parait assez déterminante dans le recours à la kinésithérapie.
Heureux de constater que cette particularitĂ© de l’action thĂ©rapeutique des kinĂ©sithĂ©rapeutes par les seuls moyens physiques et Ă©ducatifs est ici soulignĂ©e et considĂ©rĂ©e comme dĂ©terminante; notons que la plupart du temps elle est adjointe Ă un traitement allopathique, et que le suivi de l’observance et des effets indĂ©sirables est assurĂ©e alors et aussi par le kinĂ©sithĂ©rapeute, professionnel de santĂ© qui intervient dans toutes les spĂ©cialitĂ©s mĂ©dicales et Ă tous les âges de la vie ( c’est un gĂ©nĂ©raliste capable d’envisager la santĂ© comme un Ă©vĂ©nement polyfactoriel mais aussi comme un continuum)… un praticien “mĂ©ta”, non mĂ©dicamenteur…
“…il faut souligner que certains gĂ©nĂ©ralistes se trouvent faire des prescriptions qui ne sont pas honorĂ©es faute de praticien, en particulier au domicile des personnes âgĂ©es. La question mĂŞme d’adresser ne se pose pas…”
Faute de combattants un argent considĂ©rable est gaspillĂ© aux urgences et dans les grosses structures pour des soins Ă©vitables… je suis convaincu que de revaloriser nettement l’intervention des kinĂ©sithĂ©rapeutes au domicile des patients permettrai de crĂ©er un effet levier Ă©conomiquement positif pour notre système de santĂ© (en prenant 1 Ă l’hĂ´pital pour l’attribuer Ă la kinĂ©sithĂ©rapie, notamment ambulatoire, il serai sans doute possible de rĂ©cupĂ©rer de 5 Ă 10 fois la mise, de crĂ©er un cercle vertueux, de financer un vieillissement Ă moindre coĂ»t.
Bref, je ne peux que vous recommander de lire la petite trentaine de pages de cette Ă©tude, sans aucune ariditĂ© (…y’en a un qui dit pour changer!!!) ni verbiage, que du vĂ©cu intelligemment recueilli, une lecture qui redonnera un peu de peps au kinĂ© Ă©ducateur, autonomiseur… fatiguĂ© !
> télécharger le rapport complet : La prescription de masso-kinésithérapie par les médecins généralistes et rhumatologues libéraux, Caroline BONNAL, Judith MATHARAN, Julie MICHEAU, ONDPS, décembre 2009, 27 pages au format pdf
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