la dernière annĂ©e ne reprĂ©senterai que 8% de la dĂ©pense de soins de toute une vie…
Lu avec intĂ©rĂŞt une tribune de Luc Broussy : Alain Minc et les “dĂ©penses des très vieux”.
Extrait : Non, le vieillissement n’est pas la cause majeure de l’explosion des dépenses de santé.
Du premier poujadiste venu, une telle assertion n’aurait pas parue plus aberrante que cela. Car en effet, le raisonnement est tentant : les « très vieux » ont une forte consommation de soins ; les « très vieux » seront de plus en plus nombreux donc…les « très vieux » seront la cause principale, dans les 40 prochaines années, de l’explosion des dépenses de santé. Tentant en effet…mais totalement faux ! Et Alain Minc, qui n’est justement pas le premier venu, ne peut l’ignorer.
Un récent rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie (HCAAM) vient, fort opportunément le rappeler. Certes, la consommation de soins est une fonction croissante de l’âge. Les plus de 75 ans représentent 8% de la population mais 20% des dépenses. Mais ici la dépense n’est pas liée à l’âge mais bien… à la maladie. Le nonagénaire qui n’est pas malade consommera peu de soins. Mais il est vrai que les maladies se concentrent sur le grand âge. Autrement dit, les « très vieux » sont de gros consommateurs de soins non parce qu’ils sont « vieux » mais parce qu’ils sont « malades » !
Le poids des dépenses des « très vieux » restent au demeurant à relativiser. Ainsi, les « plus de 85 ans » consomment en France autant de dépenses de soins que les « moins de 10 ans ». Faut-il dès lors s’interroger sur la limitation des soins à ces sales gosses qui dépensent trop ? Quant aux dépenses de soins engendrées lors de la dernière année de vie, dont on sait qu’elle est l’année la plus « consommatrice de soins », elles représentent 8% de la dépense totale d’une vie.
Le rapport du HCAAM à la suite de tous les travaux scientifiques menés ces dernières années (ceux de Brigitte Dormont notamment) montre enfin que l’impact du vieillissement sur la hausse des dépenses de santé est totalement mineur. Ainsi, la part des dépenses de santé dans le PIB de « l’Europe des 15 » devrait passer de 7,7% en 2005 à 12,8% en 2050, soit une hausse de 5,1 points. Or, sur ces 5,1 points, le seul impact du vieillissement démographique pèse pour…0,4 point ! Tous les experts sérieux le savent : ce sont les incidences des progrès technologiques ainsi que les modes de consommation qui sont les principales causes de la croissance des dépenses.
On le voit d’ailleurs à travers les exemples étrangers. Quel est le pays où le vieillissement de la population a été le plus massif ? Le Japon, pays dont les dépenses de santé sont passées en 1960 à 2006 de 3 à 7 points de PIB. Dans le même temps, les Etats-Unis et la France, où la tendance au vieillissement était nettement moindre, connaissaient une évolution des dépenses de santé de 7 à 15% du PIB pour les premiers et de 4 à 11% pour la seconde… Expliquez avec de telles statistiques que le vieillissement constitue la cause essentielle de l’explosion future des dépenses est une aimable galéjade.
> lire l’intĂ©gralitĂ© de l’article Alain Minc et les “dĂ©penses des très vieux”
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