des limites de la méthode PDCA
PDCA : Plan-Do-Check-Act
Je ne rĂ©siste plus Ă l’envie pressante de vous faire partager quelques extraits d’une lecture assez enthousiasmante :
QualitĂ© et santĂ©, Cinquième partie : la Vie est « pairjective », elle ne connaĂ®t ni norme, ni expert Ă vie…
Revue Médecine (février 2009), Dominique Dupagne, Médecin généraliste, Université Paris VI
> résumé :
” La mĂ©thode PDCA (Plan-Do-Check-Act) qui analyse objectivement UN problème, rĂ©unit des experts, puis tente de construire une stratĂ©gie gĂ©nĂ©ralisable, n’est efficace que pour rĂ©soudre des problèmes simples et ponctuels, plutĂ´t mĂ©caniques qu’humains.”
Un des principaux modèles de l’amélioration de la qualité est la méthode PDCA (Plan-Do-Check-Act). Elle consiste à résoudre les difficultés en suivant 4 étapes :
• Plan : Programmer, préparer une méthode pour résoudre un problème ou améliorer une procédure.
• Do : Faire, agir suivant le plan que l’on vient de préparer à l’étape précédente.
• Check : Vérifier, valider l’effet de la solution mise en oeuvre.
• Act : Intégrer la solution si elle a été validée par l’étape précédente.
Cette méthode est souvent illustrée par la roue de Deming, qui matérialise l’amélioration de la qualité par la montée de la pente. Chaque cycle améliore la procédure et la cale qui empêche la roue de redescendre est le « système qualité ».
La méthode qualité PDCA est très répandue. Elle est considérée comme un modèle d’approche objective et scientifique pour résoudre les problèmes. Elle est utilisée dans les entreprises, les administrations, les hôpitaux, et pour l’évaluation des pratiques professionnelles des soignants.
Elle contient une notion fondamentale qui est celle du plan, de la procédure, de la norme de fabrication ou de comportement : il est hors de question d’agir sans réfléchir, il faut d’abord organiser, prévoir des options, des cas d’école, et définir une directive ou des « indicateurs de qualité » qui s’imposeront à tous une fois validés.
… encore un petit bout pour la route ? :
ce cinquième article revient sur la « démarche qualité » actuelle et la compare à un système qui a fait ses preuves depuis 500 millions d’années : la Vie. Que ce soit dans l’organisation sociale des bactéries et leurs extraordinaires capacités adaptatives, dans le fonctionnement de notre système immunitaire ou de notre cerveau, la planification et les procédures objectives de mesure de la qualité interne ne tiennent quasiment aucune place.
Il se trouve donc que la Vie, en tant que système qui a donné naissance aux espèces terrestres, n’a pas retenu pour évoluer l’approche objective dans laquelle le système de santé s’enlise en voulant copier la méthodologie des sciences fondamentales. Elle a au contraire sélectionné une approche parfaitement pairjective, c’est-à -dire fondée sur la diversité, la mesure subjective du succès par les pairs et un système de communication décentralisé.
… ouaip, c’est du très lourd !
> lire de toute urgence l’intĂ©gralitĂ© de ce remarquable article, 5 pages dĂ©tonnantes au format pdf
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Comments
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Passionnant !!
Merci pour cette source très puissante.
Paul
merci…
et que penses tu du modèle crĂ©Ă© par Reason appelĂ© « swiss cheese model » ?…
Raph
Je n’en pense rien de particulier, c’est un modèle qui est utilisable pour dĂ©boguer les process industriels, Ă©viter des “accidents” (heureux ou malheureux) et donc sans doute amĂ©liorer la “qualitĂ©”… j’y consacrerai probablement un billet car il est très “visuel” et facile Ă apprĂ©hender, mais aussi parce qu’il est très amusant de faire varier la taille des trous (et ce qu’ils dĂ©signent), la forme des trous (Ă©clate-toi BenoĂ®t), leur localisation (lĂ aussi ce qu’on impute peut-ĂŞtre très fĂ©cond), le nombre de tranches, la position relative des tranches (rapprochĂ©es ou Ă©loignĂ©es, dans l’espace oĂą bien… le temps), ça peut-ĂŞtre très sympatoche de l’appliquer Ă notre système de santĂ©… mais on n’a que deux vie non ?
oui malheureusement….pour les 2 vies
je partage ton analyse sur ce concept…il est souvent citĂ© en Ă©tablissement de santĂ© aussi…
A plus
Raph
Ce texte est assez philosophique et se veut être une dissertation sur le sujet avec thèse, anti-thèse et synthèse.
La vision du PDCA est très limitĂ©e et il n’est nulle part question dans l’article de l’EFQM qui est LA rĂ©fĂ©rence en matière de qualitĂ© totale. D’ailleurs aucune rĂ©fĂ©rences citĂ©es sur l’audit, les revues de morbiditĂ© mortalitĂ©, les groupes de pairs, etc.
L’EFQM est dĂ©crit sur wikipedia ici
http://fr.wikipedia.org/wiki/European_Foundation_for_Quality_Management
Sans parler de Proza (prose en français) qui est un système qualitĂ© utilisĂ© dans l’enseignement en santĂ© et qui a fait ses preuves chez ceux qui ont osĂ© le changement et l’amĂ©lioration continue par l’auto-Ă©valuation.
Voir le powerpoint d’AndrĂ© Vyt une des rĂ©fĂ©rences sur le sujet.
http://research.shu.ac.uk/cfie/ecop/docs/vyt_10.03.ppt
La question rĂ©elle est: “comment crĂ©er du doute, lĂ oĂą il n’y en n’a pas?”
Avec des mĂ©decins, des avocats, des enseignants qui pensent que mettre en place des systèmes qualitĂ© pour s’amĂ©liorer est impossible on en reste chez nous Ă demander: connais-tu un bon mĂ©decin, un bon avocat un bon prof ?
Pourtant la qualitĂ© n’est pas un problème de compĂ©tence dans la majoritĂ© des cas mais un problème organisationnel.
Lisez la page 3 et 4 des Ă©vĂ©nements porteurs de risque dĂ©crits et vous verrez qu’il y a des moyens concrets et pratique de mettre en place des systèmes d’amĂ©lioration simple et rĂ©flĂ©chi et d’amĂ©liorer la prise en charge des patients. Le tout est de passer la pĂ©riode de la rhĂ©torique et de passer plus de temps Ă agir de manière structurĂ©e. En tant que patient je dirai, dites-nous quand vous serez prĂŞts, mesdames et messieurs?
pardon
j’ai oubliĂ© le dernier lien
http://www.sficv.com/images/files/JAM7_2009_04_17.pdf
Merci Pierre, Ă la lecture de ce dernier document je note que :
“la dĂ©claration d’EIG sentinelles se fait par un Extranet sĂ©curisĂ©, avec un classement en trois niveaux de gravitĂ© : niveau 1 dĂ©cès ou mise en jeu du pronostic vital ; niveau 2 hospitalisation en rĂ©animation, rĂ©intervention non programmĂ©e ; niveau 3 sĂ©quelle ou prĂ©judice psychologique, esthĂ©tique ou fonctionnel.
Seuls les niveaux 1 et 2 sont dĂ©clarĂ©s.”
J’ai donc une partie de la rĂ©ponse Ă une question que je me suis souvent posĂ© en tant que kinĂ©sithĂ©rapeute “de terrain”: pourquoi certains chirugiens ne prescrivent pas de rĂ©Ă©ducation suite Ă la pose de PTH chez certains sujets agĂ©s ? (alors mĂŞme qu’ils me sont adressĂ©s quelques mois ou annĂ©es plus tard, Ă l’occasion d’une chute ou bien de douleurs rachidiennes chroniques, et que manifestement il a perdurĂ© un dĂ©ficit d’appui du cotĂ© opĂ©rĂ©… ).
Pour en revenir au corps mĂŞme de votre intĂ©ressant prĂ©cĂ©dent commentaire sur la qualitĂ© totale (une notion bien trop vertueuse, tout au plus un slogan, car je crains qu’elle ne puisse en fait se traduire par “comment faire de l’argent en subissant le moins de consĂ©quences juridiques fâcheuses”, la liste des grosses entreprises qui sont Ă l’origine de ce concept est Ă©difiante:
Ă propos de l’EFQM, “Elle a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1988 par 14 entreprises europĂ©ennes, avec l’appui de la commission europĂ©enne. Ces entreprises sont : Bosch, BT, Bull, Ciba-Geigy, Dassault, Electrolux, Fiat, KLM, NestlĂ©, Olivetti, Philips, Renault, Sulzer et Volkswagen.”…
Une qualité totale en interne, mais pour le reste du monde ?
La somme des qualitĂ©s “totales” conduit-elle Ă la qualitĂ© globale dans un système complexe ?
Les “valeurs” de la santĂ© (donc pour tous) sont elles comparables Ă celles du secteur marchand dont le seul et unique objectif est le profit de quelques uns?
Il faut raconter ça Ă l’HĂ´pital Universitaire de Lausanne
http://qualite.hug-ge.ch/Qualite_soins.pdf
Ou au Canada…
Extrait de la jolie plaquette de l’HUL :
“La qualitĂ© des soins constitue un enjeu primordial pour le système de santĂ© et pour la mĂ©decine contemporaine. Les exigences sont multiples: assurer la sĂ©curitĂ© des soins, associer les patients plus Ă©troitement Ă leur prise en charge, asseoir les pratiques mĂ©dicales sur des donnĂ©es scientifiques reconnues et maĂ®triser les coĂ»ts de la santĂ©.”
Ă€ demain, Pierre, pour la journĂ©e de l’EPP organisĂ©e par le CIROMK IdF-la RĂ©union, une occasion de nous rencontrer pour Ă©changer autrement que par la voie des Ă©lectrons°)