Expérience individuelle et expérimentation scientifique

Posted by kineblog on April 05, 2009

Se tenir au courant des preuves scientifiques comme investir dans une relation patient-thérapeute partagée, stimulante et individualisée sont deux conditions nécessaires à l’optimisation de notre art de guérir.

FraĂ®chement extrait de l’Ă©ditorial du dernier numĂ©ro de Minerva (revue belge d’Evidence-Based Medicine), intitulĂ© “ExpĂ©rience individuelle et expĂ©rimentation scientifique”; Ă  mĂ©diter.

” Depuis les temps anciens, existe une dualitĂ© entre croyance en une vĂ©ritĂ© scientifique cachĂ©e derrière le rĂ©el et une croyance dans ce qui est observable. L’expĂ©rience donne, de fait, l’information exacte, mais c’est l’interprĂ©tation et la gĂ©nĂ©ralisation qui tournent mal. L’expĂ©rience est anecdotique, source d’hypothèse et essentielle avant d’initier une expĂ©rimentation de manière sensĂ©e. Cette expĂ©rimentation est nĂ©cessaire pour distinguer l’apport spĂ©cifique de l’intervention de celui de divers autres facteurs qui peuvent influencer les rĂ©sultats. Ce sont ces facteurs d’influence (pris en compte dans une intervention versus placebo ou filtrĂ©s par la randomisation) qui compliquent et troublent l’interprĂ©tation de l’expĂ©rience personnelle.”

Les effets contextuels

Une stratégie doit tenir compte de différents facteurs : la sévérité de l’affection, le risque de ne pas traiter, le bénéfice attendu versus effets indésirables, l’efficacité d’alternatives. Les préférences du patient, ses capacités de compréhension, nos propres angoisses de soignants, les circonstances, les conflits d’intérêt sont tout aussi déterminants pour une prise en charge individualisée. Il est important que nous soyons conscients que la prescription du bon médicament n’est qu’une partie d’une intervention complexe. Un effet placebo petit ou grand a un rôle constant. Si nous voulons employer adéquatement ces effets contextuels dans la pratique, il nous faudra cibler une relation patient-médecin optimale, dont les items importants sont : respect, empathie, proximité, rituels précis, cadrage sur l’affection, concertation. La prescription d’un comprimé placebo sans une interaction patient-médecin adéquate a beaucoup moins d’effet et comporte le risque que le patient ne se sente pas respecté ni pris au sérieux. Le « pouvoir de guérison » des médecins et patients, refoulé par le progrès technologique, doit reprendre sa place. Les études cliniques montrent la valeur propre du médicament actif par rapport aux effets contextuels. Ces deux éléments doivent être utilisés dans leur entièreté et en bon équilibre.
Se tenir au courant des preuves scientifiques comme investir dans une relation patient-médecin partagée, stimulante et individualisée sont deux conditions nécessaires à l’optimalisation de notre art de guérir.

En remplaçant (certe de manière un peu abusive et caricaturale) les termes “mĂ©dicament” par “protocole” ou “technique”, “mĂ©decin” par “kinĂ©sithĂ©rapeute”… et nous tenons lĂ  un bon dĂ©but de rĂ©flexion sur l’EBP (Ă©vidence base practice, pratique fondĂ©e sur les preuves) en kinĂ©sithĂ©rapie.

Source: éditorial de Minerva volume 8, n°4 avril 2009

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