soins chiropratiques aux enfants et absence de preuves

Posted by kineblog on April 05, 2008

Extrait de la page “Les soins chiropratiques aux enfants : Des controverses et des points litigieux” du site web de la SociĂ©tĂ© canadienne de pĂ©diatrie (publiĂ© dans Paediatrics & Child Health 2002; 7(2): 90-95. No de rĂ©fĂ©rence : CP 02-01)
réapprouvé en février 2008

Les preuves scientifiques
Les médecins mettent en doute l’efficacité de la chiropratique dans le traitement des divers troubles pour lesquels elle est utilisée. Koes et coll. (20), après avoir procédé à une étude des essais cliniques aléatoires systématiques et tenu compte de la rigueur méthodologique, n’ont pas obtenu assez de preuves pour démontrer l’utilité de la manipulation rachidienne dans le traitement des lombalgies aiguës ou chroniques. Cependant, d’autres études laissent supposer que la manipulation pourrait être efficace dans le traitement des lombalgies aiguës chez les adultes, mais son efficacité n’est pas démontrée chez les patients présentant des symptômes chroniques (21-23). Aucune étude n’a été pu-blié sur le traitement chiropratique des douleurs dorsales dans la population pédiatrique.

Des examens systématiques de la documentation scientifique et des groupes de spécialistes laissent entendre que la manipulation ou la mobilisation cervicale pourrait apporter un certain soulagement à court terme à certaines personnes souffrant d’une douleur cervicale subaiguë ou chronique (24,25). Toutefois, ni l’efficacité de la manipulation par rapport à d’autres traitements ni sa rentabilité n’a été établie pour ce genre de troubles (4,26). Les observations à l’appui de la manipulation pour des troubles comme la migraine sont encore moins convaincantes (26). Cette fois encore, il n’existe aucune donnée spécifique et bien documentée à l’égard de la population pédiatrique.

Balon et coll. (27) ont effectué l’une des quelques études à avoir été publiées dans la documentation médicale sur la chiropratique pédiatrique auprès d’enfants présentant un asthme stable et recevant un traitement chiropratique actif ou simulé en plus du traitement médical. Les chercheurs n’ont remarqué aucune diminution des symptômes d’asthme et aucune amélioration de l’évaluation fonctionnelle respiratoire ou de la qualité de vie au sein des deux groupes d’enfants. D’après les auteurs, chez les enfants atteints d’un asthme bénin à modéré, l’ajout des manipulations rachidiennes chiropratiques aux soins médicaux habituels n’apporte aucun bénéfice (27). Un examen récent d’essais aléatoires sur le traitement manuel de l’asthme tant chez les adultes que chez les enfants confirme l’insuffisance des données pour étayer le recours à ce type de traitement (28).

Certains chiropraticiens ne pensent pas que les essais cliniques contrôlés constituent le meilleur moyen de valider leurs méthodes (11). Ils peuvent penser que des données isolées suffisent à en démontrer l’efficacité. De plus, le nombre de recherches menées dans des établissements chiropratiques est faible par rapport à celui exécuté dans des établissements médicaux (29). Des essais mal conçus et l’absence de reproductibilité posent d’autres problèmes (30). Pour contrer quelques-unes de ces difficultés, des orga-nismes qui font la promotion de la recherche en chiropratique ont été mis sur pied, dont le Consortial Center for Chiropractic Research (fondé aux États-Unis en 1998), l’Association chiropratique canadienne (ACC) et le Canadian Memorial Chiropractic College (26, ).

Les médecins s’interrogent également sur la grande va-riété de troubles pédiatriques que traite la chiropratique. Les coliques en sont un exemple. Bien qu’il s’agisse d’un pro-blème spontanément résolutif, les coliques peuvent rendre les parents très désemparés et les inciter à consulter un chiropraticien pour soigner leur nourrisson. Dans une étude récente (31) sur le traitement des coliques en chiropratique, les auteurs ont mené un essai aléatoire et contrôlé compa-rant la médicothérapie (l’hydrochlorure de dicyclomine) aux manipulations rachidiennes et ont remarqué une diminution des symptômes grâce à la manipulation. Malheureusement, malgré une méthodologie solide, les deux groupes à l’étude ne pouvaient être comparés parce qu’il ne s’agissait pas d’un traitement à l’insu et que les parents et les bébés du groupe traité par chiropratique interagissaient davantage avec les chiropraticiens pendant les séances de traitement (30). Une étude coopérative effectuée par des pédiatres et un chiropraticien auprès de 86 nourrissons dans le cadre d’un essai à l’insu aléatoire et contrôlé contre placebo sur les coliques traitées par manipulations rachidiennes a démontré que les manipulations chiropratiques n’étaient pas plus efficaces qu’un placebo (32).

La capacité de bien définir, puis de bien évaluer la résolution de plusieurs maladies pédiatriques représente un problème pour les médecins et un plus grand problème encore pour les chiropraticiens, qui ne possèdent pas une formation équivalente en matière de diagnostic médical (33).

Lire le texte complet, notamment la très intéressante introduction (histoire et philosophie de la chiropratique).

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