Paiement Ă  l’acte ?

Posted by kineblog on February 19, 2007

Relevé dans les communiqués de presse de la CFDT:

L’augmentation de la consultation, une mauvaise piste

Le conseil d’administration de l’Uncam (Union nationale des caisses d’assurance-maladie) s’est prononcé le 15 février sur les orientations de la négociation conventionnelle avec les médecins libéraux pour 2007. La CFDT s’est abstenue.

Pour la CFDT en effet, la nécessaire reconnaissance de la médecine générale ne passe pas uniquement par la revalorisation de la consultation. D’autres modalités doivent être envisagées. L’introduction de forfaits pourrait permettre, entre autres, une meilleure couverture médicale du territoire, le développement des gardes, la mise en place de réseaux de soins etc. La logique du paiement à l’acte ne répond pas au besoin de mieux organiser les soins et d’améliorer les conditions de travail des praticiens.

Enfin, les dépenses de l’Assurance-maladie ont été arrêtées par le Parlement pour 2006 et 2007. Le texte ne donne aucune lisibilité quant aux risques de dépassement.

Déclaration de Gaby Bonnand, secrétaire national © CFDT (communiqué de presse mis en ligne le 16 février 2007)

Ainsi que cet autre texte dans la rubrique Protection sociale de ce même site, et tout aussi fécond:

Nouveau bras de fer sur le tarif des consultations

L’Assurance-maladie appelle à la vigilance pour sanctionner les médecins généralistes qui pratiquent dès maintenant la consultation à 23 euros, revendiquée par leurs représentants.

La négociation entre les organisations de médecins et l’Assurance-maladie sur les honoraires des généralistes s’enlise. Les praticiens demandent une revalorisation de deux euros de leurs consultations, qui passeraient ainsi de 21 à 23 euros, soit le même tarif que les spécialistes. Lors de la dernière séance de négociation, le 7 février, la principale organisation de médecins, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), a quitté la salle, la direction de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam) n’ayant pas reçu mandat du conseil pour revaloriser ces honoraires. « Nous insistons pour que la médecine généraliste soit revalorisée, mais dans un délai compatible avec le respect de l’objectif national de dépenses », affirme Michel Régereau, président CFDT de l’Uncam. En année pleine, ces deux euros supplémentaires coûteraient en effet 500 millions à l’Assurance-maladie, le risque étant de dépasser le seuil d’alerte d’augmentation des dépenses. D’autant que les généralistes ne sont pas seuls : des négociations sur les tarifs des infirmières et des kinésithérapeutes sont en cours.

Consignes de fermeté. Avant la séance du 7 février, plusieurs organisations de généralistes ont appelé les médecins à pratiquer des dépassements d’honoraires illégaux, en demandant dès à présent 23 euros à leurs patients, qui paieraient ainsi de leur poche les deux euros supplémentaires. Une attitude évidemment inacceptable pour Michel Régereau : « Nous appelons les chefs de file CFDT des caisses de Sécurité sociale à vérifier que les directeurs appliquent bien les consignes de fermeté qui leur ont été données. Cela va de l’envoi rapide d’une lettre aux médecins contrevenants au déclenchement de procédures contentieuses s’ils persistent. » Cette situation conflictuelle récurrente pose une nouvelle fois la question de la pertinence du paiement à l’acte. Dans une tribune publiée dans Les Échos, Gaby Bonnand, secrétaire national, affirme que « ce mode de rémunération a aujourd’hui atteint ses limites » et appelle à « sortir du carcan de discussions uniquement préoccupées de prix et de tarifs ».

Frédéric Delaporte © CFDT (mis en ligne le 14 février 2007)

Donc pour en arriver Ă  ce fameux article extrait des Echos:

Gaby Bonnand dans “ Les Échos ”

Alors, docteur, c’est grave ?

En cette pĂ©riode de nĂ©gociation entre les organisations de mĂ©decins et l’Assurance maladie, Gaby Bonnand, secrĂ©taire national chargĂ© de la protection sociale, exprime le point de vue de la CFDT dans une tribune publiĂ©e par Les Échos le 7 fĂ©vrier. Il met en Ă©vidence les limites du paiement Ă  l’acte et appelle Ă  sortir du carcan de discussions uniquement prĂ©occupĂ©es de prix et de tarifs.

Le 28 novembre dernier, au cours des JournĂ©es annuelles d’Ă©thique, Didier Sicard, professeur de mĂ©decine Ă  Cochin, dĂ©clarait : « J’ai honte d’ĂŞtre mĂ©decin. » Le prĂ©sident du ComitĂ© consultatif national d’Ă©thique rĂ©agissait ainsi au refus de mĂ©decins de recevoir et de soigner des malades bĂ©nĂ©ficiaires de la couverture maladie universelle, la CMU, et de l’aide mĂ©dicale d’Etat, l’AME. Le 25 janvier, un quotidien rĂ©vĂ©lait les honoraires exorbitants que demandent certains mĂ©decins hospitaliers ayant un secteur privĂ© au sein de l’hĂ´pital public. Le prix de leur consultation ou de leur intervention est facturĂ© jusqu’Ă  quinze fois le tarif de la SĂ©curitĂ© sociale aux patients soignĂ©s dans le cadre de l’exercice privĂ© de ces mĂ©decins.

Le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie a mis Ă  son programme un travail sur la rĂ©munĂ©ration des mĂ©decins exerçant sous le mode libĂ©ral. Il n’est pas encore terminĂ©. Tout en analysant la complexitĂ© du système et en se montrant prudent sur les solutions, ce travail montre tout de mĂŞme que le revenu des mĂ©decins libĂ©raux a connu ces dernières annĂ©es une progression moyenne largement supĂ©rieure Ă  celle des cadres. En cette pĂ©riode oĂą le pouvoir d’achat est une donnĂ©e sensible pour tous les Français et oĂą les « Ă©lites » ont mauvaise presse, souvent accusĂ©es de vouloir prĂ©server leurs privilèges, ces informations ne plaident pas en faveur des mĂ©decins.

On peut toujours mettre des manquements Ă  la dĂ©ontologie sur le compte de comportements individuels, mais il n’empĂŞche que leur rĂ©pĂ©tition - apparemment en toute impunitĂ© - peut conduire Ă  une suspicion gĂ©nĂ©ralisĂ©e.

De mĂŞme, la pression permanente des professionnels de santĂ© pour obtenir l’augmentation du tarif de leurs actes est de plus en plus perçue comme une revendication corporatiste, bien Ă©loignĂ©e de la santĂ© des patients qu’ils prĂ©tendent dĂ©fendre. Cependant, stigmatiser les mĂ©decins serait Ă  la fois injuste et vain. Injuste, parce que ce serait ignorer que la très grande majoritĂ© des praticiens sont conscients de leurs responsabilitĂ©s, qu’ils exercent dans des conditions parfois difficiles. Vain, car ce n’est pas en dĂ©nonçant un certain nombre de pratiques qu’on peut remĂ©dier Ă  ce qui les cause.

En fait, c’est l’organisation de notre système de santĂ© qui est en question. Les maux sont connus : manque d’articulation entre mĂ©decine hospitalière et mĂ©decine de ville, accès très inĂ©gal aux soins selon ses revenus et le lieu oĂą l’on vit, augmentation des dĂ©penses sans corrĂ©lation Ă©vidente avec l’amĂ©lioration de la santĂ© publique…

Les causes sont multiples - insuffisance de formation des professionnels peu prĂ©parĂ©s Ă  la prĂ©vention, mĂ©connaissance des dispositifs, exercice trop solitaire des praticiens, mauvaises habitudes des patients, relations mĂ©fiantes avec l’assurance-maladie, pression des lobbies, inconstance des pouvoirs publics, etc. Mais il en est une sur laquelle on ne met pas suffisamment l’accent : le mode de rĂ©munĂ©ration des mĂ©decins libĂ©raux.

Près de 97 % de leur revenu provient du paiement Ă  l’acte. Sachant cela, on comprend mieux la foire d’empoigne qui prĂ©side aux nĂ©gociations des reprĂ©sentants des professionnels et de l’assurance-maladie, l’appel rĂ©current aux pouvoirs publics, le chantage de certaines organisations qui confine parfois Ă  la prise en otage des patients. On peut comprendre qu’une profession recoure Ă  tous les moyens Ă  sa disposition pour dĂ©fendre ses prĂ©rogatives. Encore faudrait-il ne pas oublier l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral.

Ă€ ce jeu, personne ne maĂ®trise plus rien. Ni le patient, qui voit sa facture, son « reste Ă  charge », s’alourdir. Ni les assureurs, de base comme complĂ©mentaires, qui ne savent plus comment financer les remboursements. Ni les gouvernements, qui peinent Ă  faire rentrer la rĂ©alitĂ© des comptes dans leurs prĂ©visions de dĂ©penses. Ni mĂŞme les mĂ©decins et autres professionnels, confrontĂ©s Ă  une « classification commune des actes mĂ©dicaux » (qui fixe les tarifs) d’une extrĂŞme complexitĂ©. Il ne s’agit Ă©videmment pas de remettre en question de manière inconsidĂ©rĂ©e le paiement Ă  l’acte. Mais nous savons, et nos responsabilitĂ©s assumĂ©es Ă  la CNAMTS (Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariĂ©s) nous donnent l’expĂ©rience nĂ©cessaire pour fonder cette conviction, que ce mode de rĂ©munĂ©ration a aujourd’hui atteint ses limites. Il ne parvient pas Ă  corriger les inĂ©galitĂ©s d’accès aux soins, notamment territoriales, ce qu’on appelle la « dĂ©mographie mĂ©dicale ». Il ne permet pas de rĂ©munĂ©rer convenablement les missions de service public qui incombent aux mĂ©decins, telles que la permanence des soins. Il gĂ©nère des dĂ©passements d’honoraires qui instaurent insidieusement une mĂ©decine des « pauvres », souvent relĂ©guĂ©s Ă  l’hĂ´pital, et une autre pour des patients « normaux », autrement dit bien couverts par une complĂ©mentaire. Il est mĂŞme devenu un obstacle Ă  une organisation rĂ©flĂ©chie et souhaitĂ©e par la majoritĂ© des acteurs du parcours de soins, Ă  la mise en commun des compĂ©tences et expĂ©riences. Il n’autorise pas non plus un exercice plus partagĂ© qui viendrait amĂ©liorer les conditions de travail des mĂ©decins, dont nous n’ignorons pas les difficultĂ©s.

Nous voulons que chacun prenne ses responsabilitĂ©s. Nous savons que c’est possible, en redĂ©finissant les rĂ´les des uns et des autres, en sortant du carcan de discussions uniquement prĂ©occupĂ©es de prix et de tarifs. Ce n’est pas une utopie, c’est une nĂ©cessitĂ©.

Tous droits de reproduction et de diffusion réservés Les Échos.
© CFDT (mis en ligne le 8 février 2007)

Le paiement Ă  l’acte c’est pas bien parce que les professionnels de santĂ© sont des corporatistes qui en veulent toujours plus… le forfait (autrement dit, le salariat) c’est sympa, mais seulement en apparence… car il faudra alors discuter des missions, du volume de patients suivis, des horaires et des avantages sociaux…
Le rĂ©sultat prĂ©visible: doublement du nombre de professionnels de santĂ©, baisse de la productivitĂ©… et baisse de la qualitĂ© des soins, puis baisse des vocations… back in USSR!
Alors bon courage.

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